La Croix verte

 La Croix Verte

Croix verte 1

        Après une bonne semaine de travaux à la raccourcir, réparer le bois et l'isoler du sol, la peindre, modifier l'auvent, la consolider par quatre contreforts, etc... l'entreprise GERBER de Cheppy réinstallait (le 21 octobre 2015) notre "Croix Verte", à son endroit habituel. Pourrie à la base, celle-ci penchait dangereusement et avait besoin d'une sérieuse rénovation.

           Mais cette croix, de quand date-t-elle ? Quelle est son histoire ? C'est la question que nous posait madame Chalupka, la journaliste locale, qui désirait rapporter cet événement. Nous n'avions pas réellement réfléchi à la question.

            En bois, donc fragile, celle-ci a du être remaniée plusieurs fois.

            Sur l'ancien cadastre napoléonien, qui date de 1840, on voit qu'il existait un calvaire, dit "La croix du calvaire" à l'intersection du chemin des Jonneselles, qui vient de chez Didot et de la Grande Ruelle qui descend de Lissey. Cette croix a disparu par suite du tracé de la RD 102 (Voir le tableau d'assemblage page précédente). Etait-elle en pierre ou en bois? Etait-elle encore en bon état? Peu importe.

            Le conseil décida alors de la replacer ou d'en créer une nouvelle, sous l'orme qui se trouvait à quelques pas, en bordure de la route actuelle de la "Franche Chaux".

 

            Pourquoi l'orme?

            Unique à Lissey, unique dans le canton et peut-être dans la région, cet arbre possède un prestige que l'histoire lui a conféré.

            Autrefois, au Moyen Age, ces arbres robustes étaient nombreux sur les places des villages ou se trouvaient au centre de la vie sociale.

            Dans ces lieux, il était fréquent que la justice soit rendue par le seigneur, son représentant, une sommité locale ou des "juges de village" qui mettaient en présence les parties qui s'opposaient.

            A ce propos, une expression en est ressortie: "attendre sous l'orme". En effet, ces juges ou magistrats étaient souvent peu compétents et il n'était pas rare que l'on se permettait de les faire attendre, compte  tenu de l'opinion que l'on pouvait avoir d'eux.

            Une autre raison de l'image de l'attente interminable venait du fait que certaines personnes concernées ne se présentaient jamais et qu'on les attendaient en vain.

            Mais n'oublions pas aussi, Sully, le ministre de Henri IV, qui fit planter des ormes le long des routes et des chemins de France. A l'époque, ce bois, lourd, très dur , élastique, se fendant difficilement, était très recherché: on en faisait des affûts de canons. Il était également demandé  par les charrons pour faire des moyeux, des jantes, des essieux, des patins de freins de charrettes, des vis de pressoirs, etc... Il résiste très bien à l'eau. Les ébénistes eux sont intéressés par les loupes pour en faire de beaux meubles.

            Malheureusement, les ormes sont décimés de nos jours, par la graphiose, un champignon venu de Hollande, d'où son surnom de "maladie hollandaise de l'orme".

            Quant à cet arbre qui peut vivre 500 ans et plus, nous l'appelons depuis toujours, à Lissey, "l'orme de Sully" peut-être parce qu'il aurait été planté à l'époque de Sully ou tout simplement parce que c'est un orme. Là encore nous ne saurions le dire car aucune archive, ni délibération, ne nous donnent plus de précision.

            Mais revenons à notre Croix Verte

 

Croix du calvaire 1 Croix du calvaire Croix verte

 

           

            Sur les extraits, ci-dessus, de cartes allemandes de la Grande Guerre, en les agrandissant et avec de bons yeux, on devine la croix sous l'orme. On peut remarquer aussi que celui-ci n'avait pas l'embonpoint qu'il possède aujourd'hui.

            Rémy Richard nous signale qu'après la Grande Guerre cette croix avait été refaite, avec un sapin, par un nommé Alfred Patoche qui possédait un atelier de menuiserie à Joeuf.

            Vers la fin des années 1980, les bras du Christ étant en mauvais état, la municipalité décidait de les faire réparer. C'est Maurice Aubry d'Ecurey qui fut chargé de cette opération. En même temps, un auvent fut installé par l'entreprise Goujon de Dombras, pour protéger la sculpture des intempéries.

            Quant au Christ en bois, qui donne toute sa valeur à ce calvaire nous ne savons pas qui  est l'auteur de ce travail artistique.

            Monsieur et madame Henin nous rappellent aussi que  des processions avaient lieu, à cet endroit, lors des Rogations

            Et comme ils avaient appelé les rues de notre village: Grande Rue, Rue Haute, Rue Basse, Grande Ruelle, etc..., nos ancêtres de Lissey, qui ne manquaient pas d'imagination, ont appelé cette croix: la "Croix Verte".... parce qu'elle était peinte en vert...

 

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