Le Châtelet - suite

 

          En ce qui concerne le château-fort, dont l'existence est plus difficile à prouver, refaisons un peu d'histoire:

          Du 5ème au 10éme siècle, des envahisseurs : Germains, Vikings, etc .., déferlent sur les campagnes d'Europe. Des bandes armées pillent les terres, brûlent les maisons, massacrent hommes, femmes et enfants.

          Les populations connaissent la peur et certains paysans tentent de se défendre. Ils se choisissent des chefs ou se rangent de gré ou de force aux côtés de plus puissants qu'eux: les seigneurs.

          Souvent, ils reprennent les anciennes fortifications des Romains; ils refont les palissades des vieux camps retranchés. A la première alerte, les paysans, poussent leurs troupeaux devant eux, courent se réfugier derrière les enceintes de bois défendues par des hommes d'armes.

          En effet, du 9éme au 11éme siècle, les seigneurs font construire les premiers châteaux, de simples fortifications élevées de préférence sur une hauteur.

          Un rempart, surmonté d'une palissade, l'entoure. Quand les hommes ont trouvé une colline naturelle, ils l'ont souvent entamée avec leurs bêches pour augmenter la pente du versant. Quand le sol était plat, ils ont dû entasser cailloux et terre pour créer une butte, autour de laquelle ils ont creusé un fossé.

          Cette butte ou "motte" est suffisamment escarpée pour empêcher les assaillants d'y grimper. Ceux-ci auront d'autant plus de mal à parvenir au sommet si celui-ci porte une palissade. Des pieux liés les uns aux autres, forment une clôture solide derrière laquelle les soldats se tiennent à l'abri. Chaque année les paysans qui vivent autour, relèvent la terre, remplacent les pieux pourris qu'ils vont couper dans la forêt.

          La tour qui porte bientôt le nom de donjon, se dresse dans la cour formée par cette enceinte. Carrée ou rectangulaire, elle est entièrement construite en bois. Au sommet les hommes font le guet. Par temps clair, ils peuvent voir de loin. Mais ils surveillent surtout les forêts, car le danger survient souvent du couvert des arbres.

          Au premier étage, dans la grande salle se retrouvent le seigneurs et sa famille. Cette pièce dispose habituellement de la seule porte donnant accès à la tour. On y grimpe par une échelle qui peut se relever en cas de danger. Au rez-de-chaussée, s'entassent les réserves du seigneurs.

          Qui construit ces tours en bois? Des charpentiers qui dirigent de simples paysans installés sur les terres des seigneurs. Dans les chênes de la forêt; ils taillent de grosses poutres: à la hache pour couper les troncs et la doloire pour les égaliser.

          Une fois prêtes, les pièces sont assemblées. Les clous de fer ne sont pas couramment employés. Les poutres sont assemblées au moyen de "clefs" ou chevilles de bois.

          Exceptionnellement, le rez-de-chaussée est maçonné, afin d'éviter que le bois pourrisse au contact du sol. Les paysans manient plus facilement la bêche et la terre que la truelle et la chaux mélangée au sable.

          L'attaque des ennemis peut durer plusieurs jours. Les provisions d'eau sont alors insuffisantes pour les hommes et les animaux. Le seigneur doit donc faire creuser un puits ou construire un réservoir.

 

          L'autorité centrale, à cette époque, ayant complètement disparue, des hommes braves, hardis ou ambitieux se sont emparés de ces tours, mal protégées parfois, ou se sont imposés à un petit groupe de paysans, qui de toute façon recherchaient une protection, se créant ainsi un petit royaume dont le château est le siège et la preuve de sa toute puissance sur la campagne environnante.

 

          Donc, si un château a existé à Lissey, ce n'est pas sous la forme d'un château de pierres, tel que nous l'imaginons habituellement, mais sous celle d'un château en bois, dont nous avons décrit le processus de formation, ci-dessus. Aucune ruine, aucun reste de muraille ou même d'une simple tour ne vient attester l'existence d'un château en pierres. D'autre part, il est impensable que l'on se soit donné la peine de raser complètement un château et d'en faire  disparaître les pierres en les emmenant à des lieues à la ronde, et si cela avait été, on en retrouverait certainement la relation dans des pièces d'archives, ce qui n'est pas le cas.

          L'appellation de " Châtelet" n'est pas née, à notre avis, de l'imagination populaire, mais probablement d'une réalité qui pourrait correspondre à un petit château en bois. Le bois pourrissant et brûlant, il n'en reste naturellement plus aucune trace.

          Cela corroborerait la théorie de F. JEANTIN, plus haut, lequel ne l'a sans doute pas inventée.

          Voilà, c'est ma théorie! L'ennui, c'est que l'on n'a jamais trouvé, à ma connaissance, aucune pièce de monnaie, aucun outil ou aucune arme, bref aucun indice permettant de penser que le site a été occupé postérieurement à la période romaine, alors.....?

          Toutefois, des fouilles vraiment sérieuses n'ont jamais été entreprises sur ce site. Il est probable que les moyens mécaniques actuels, permettraient d'y découvrir quelques antiquités étonnantes.

Visite des lieux en mai 2001 avec l'abbé Mellier, l'agent de l'ONF: Monsieur PIESVAUX, qui a découvert la pierre mentionnée plus haut, et des touristes et habitants du village; monsieur marc RICHARD (à droite), Madame FLICK, Monsieur FRANKHAUSER

Zonage archeologique img
Zonage archéologique

 

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