Noël 1918 à ECUREY
La division s'attendait à avancer jusqu'à la frontière luxembourgeoise en réserve. Dans le but de rassembler le régiment dans des quartiers d'hiver plus confortables, l'ordre est donné de se déplacer à Ecurey, une petite ville près de Damvillers où les combats s'arrêtent le jour de l'armistice.
Le lieutenant-colonel F.T. Burt du 315e était maintenant temporairement aux commandes. Le déménagement a été fait le samedi avant Noël, le 21 décembre, afin que le régiment puisse être localisé avant Noël. Un grand nettoyage était nécessaire dans la ville, mais l'endroit offrait la perspective de quartiers d'hiver confortables lorsque cela a été fait. Les maisons étaient presque toutes intactes. Il y avait plein de poêles et de couchettes. Il y avait une usine de bain-douche qui a été mise en service après quelques réparations. Dans l'ensemble les perspectives n'étaient pas si décourageantes, mais le séjour fut bref. L'ordre est venu que la zone doit être évacuée et la division se déplacer au sud de Verdun vers la zone de Souilly, donc en conséquence, six jours après le déménagement à Ecurey. Le train de munition a repris le même itinéraire à nouveau à Verdun et à Souilly. De cela nous en parlerons dans un instant. Arrêtons-nous pour raconter ce Noël passé dans le petit village d'Ecurey.
C'était probablement le premier Noël loin de chez eux, pour beaucoup, là-bas et il était tout à fait naturel qu'il y eût beaucoup de cœurs solitaires. Mais ils étaient là. Ils ne pouvaient être à la maison et ils étaient heureux d'avoir eu l'occasion de participer à la tâche accomplie. Alors tout le monde était déterminé à tirer le meilleur de la journée.
Un service religieux était célébré le matin par l'aumônier dans la petite église du village. Les vitres étaient brisées et un trou béant apparaissait dans le clocher où avait pénétré un escabeau, mais l'intérieur était toujours intact et les bancs en place. L’endroit était bondé de soldats parmi lesquels figuraient les silhouettes de quelques citadins encore présents dans le village. A midi arriva le diner, la ration régulière du gouvernement complétée par tout ce qu’il avait été possible de se procurer. A 3 heures de l’après-midi, les hommes se sont rassemblés sur la colline au-dessus du village pour l’arbre de Noël. Quelque quarante-cinq civils étaient restés dans le village pendant les années de guerre prisonniers aux mains des Allemands. Ceux-ci ont également été invités.
Des deux côtés de l’arbre se trouvaient des rangées de tables remplies de chocolats, de biscuits, de bonbons, de tabac et de cigarettes, le cadeau de Noël du Y.M.C.A. Devant l’arbre se trouvait une autre table avec un cadeau pour la population civile : de la confiture française et des biscuits pour les femmes et les filles et des biscuits et des cigarettes pour les hommes avec deux poupées pour les tout-petits. Celles-ci ont été présentées en premier et nombreuses étaient les exclamations de joie du peuple français.
Un murmure de joie parcourut le rang des hommes attendant de voir l’expression sur le visage de la petite de deux ans lorsqu’elle serra sa poupée dans ses bras. Puis vint le travail rapide au fur et à mesure que les autres cadeaux furent distribués. La journée a apporté de nombreux souvenirs tendres à ces cœurs loin du foyer et de nombreuses pensées solitaires, mais ce sera un jour qui restera gravé dans les mémoires.
(Traduit de History of the 304th Ammunition Train by Looms, Ernest L. Comp.)