FLABAS et le Camp des Représailles
Comme tous les villages du secteur, Flabas fut envahi par les Allemands
Arrivant le 27 AOUT1914, ceux-ci commencèrent à piller les maisons évacuées, sans toucher aux autres. Ils promirent même aux habitants qui restaient que leur mobilier serait respecté ; ce qui ne les empêche pas, deux jours après, d'enlever 50 bêtes à cornes, des veaux, des porcs et de la volaille.
Le ler septembre, Flabas fut bombardé ; plusieurs maisons furent atteintes, dont le presbytère qui fut en grande partie démoli.
Le 6 Septembre, Messieurs BLANCHARD, maire, PERIGNON, SCHEWINN, Pol LECOMTE et STROFF furent arrêtés comme franc tireurs, menacés d'être fusillés, et enfin conduits à CREPION. De ce jour jusqu'au 18, continua le pillage des maisons abandonnées ; absolument rien n'y fut laissé : literie, linge, habillement, et même les portes de granges, les boiseries, les volets, les planchers, tout fut enlevé. Ce qui ne pouvait leur servir était brisé sur place.
Le 14, recommença le bombardement, qui dura jusqu'au 18. La population se réfugia dans les caves.
Le 17, des bombes incendiaires détruisirent complètement 11 maisons.
Le 18, à 11 h du matin, 36 personnes : Mme PERIGNON, ses deux filles et ses deux petits-enfants ; M. et Mme LECOMTE HARDI ; Mme LECOMTE TROUSLARD ; Mme BLANCHARD JACQUES, femme du maire ; Mme MINARD ; M. Adolphe HUSSENET ; Mme LECOMTE COLLIGNON ; Mme SCHEWINN et ses deux enfants ; Mme Esther LECOMTE ; M. et Mme Victor HUSSENET ; Mme LECOMTE COLLIGNON ; Mme Vve RENAUD ; M. et Mme Victor JACQUE ; Mme BLANCHARD LAURENT ; Mme LAVIGNE ; M. et Mme PONCET ; Mme VERY, sa fille et sa petite-fille; Mme GUIOT et ses deux enfants ; M. et Mme BURTAUX et leur fille ; Mme PARROY et M. Edouard HENRION, furent enlevés, sans qu'il leur fut permis d'enlever quoi que ce soit.
M. Hubert BLANCHARD, qui se trouvait dans les champs, et M. Jean-François HENRION, paralytique, ne furent pas emmenés le même jour ; leur tour ne vint que la semaine suivante ; ils quittèrent Flabas, avec Monsieur LECOMTE de MOIREY. Les barbares contraignirent M. BLANCHARD à gagner LONGUYON à pieds et en sabots ; quant à Monsieur HENRION, qui ne pouvait marcher, ils le conduisirent en brouette. Ces deux malheureux succombèrent dès leur arrivée au camp.
Sous une grêle d'obus, les 36 otages furent d'abord conduits à WAVRILLE, où ils retrouvèrent les cinq hommes arrêtés le 6 ; de là, ils allèrent à PEUVILLERS, où l'église leur servit de dortoir. Le lendemain, par une pluie battante, ils arrivèrent à PILLON, complètement détruit et incendié ; ils y couchèrent tout mouillés dans une grange, sur de la paille qui avait déjà servi de litière aux animaux. Enfin, le 20, ils atteignirent LONGUYON ; ils n'avaient reçu aucune nourriture depuis leur départ de Flabas, c’est à dire depuis 48 heures
A Longuyon, ils montèrent dans des wagons à bestiaux, et mirent deux jours et deux nuits pour gagner GRAFENWOEHR ; quelques morceaux de pain noir furent leur seul aliment pendant tout le voyage.
A GRAFENWOEHR, ils furent enfermés, les hommes séparés des femmes, dans des écuries à chevaux, garnies de litière usagée, et sans appareil de chauffage. Ils y restèrent six semaines sans que leur litière fut changée, et avec une couverture pour trois personnes. La nourriture était si mauvaise qu'ils ne pouvaient s'y accoutumer, et que la crainte de mourir de faim était la seule raison qui pouvait leur faire accepter ce régime.
Au bout de six semaines, ils furent logés dans des baraques garnies de paillasses et chauffées, quoique parcimonieusement. C'était une amélioration, mais qui ne s'étendait pas à la nourriture. Celle-ci, au contraire, diminuait de jour en jour en quantité ; elle ne pouvait le faire en qualité.
Le 30 JANVIER, les otages de Flabas quittèrent ce camp, pour RASTADT, où ils restèrent dix jours ; ils y furent encore plus malheureux, si c'est possible ; ils étaient logés dans les fortifications : c'est tout dire.
Enfin ils furent rapatriés et répartis dans divers villages de l'Isère et des autres départements. Sont restés prisonniers : MM. BLANCHARD, maire ; SCHEWINN, STROFF, Pol LECOMTE et Adolphe HUSSENET ; sont morts pendant leur internement : MM. Victor JACQUE, LECOMTE HARDI, Victor HUSSENET, et Mme SCHEWINN. De plus, sont décédés depuis leur retour en France : Mme PARROY, 46 ans ; et Mme JACQUE, 80 ans, belle-mère du maire.
Mais Flabas reste surtout dans les mémoires à cause du « Camp des représailles » installé par les Allemands.
Des observateurs d’artillerie allemands avaient observé que des prisonniers allemands avaient été vus avec des planches sur le dos dans la zone de Fleury (donc côté français). Visiblement, ils étaient astreints à travailler. Des prisonniers allemands étaient également utilisés dans la zone de feu sur la voie sacrée, mais aussi entre le fort de Regret ou de Dugny. Dans les armées françaises, il est mentionné que faute de main d’œuvre, des prisonniers travaillaient sur la rive droite de la Meuse en décembre 1916.
Ceci, en contradiction avec les conventions qui interdisaient de faire travailler des prisonniers de guerre à moins de 30 kms du front. Le 21 décembre 1916, un ultimatum fut envoyé par l’Allemagne demandant la mise en place, avant le 15 janvier 1917, des mesures suivantes:
- Interdiction de faire appel au travail des prisonniers de guerre à moins de 30 kms du front.
- Autorisation pour ces prisonniers de correspondre par la voie postale avec l’Allemagne.
- Obligation d’indiquer les noms des camps où ils sont internés.
Faute de réponse de la France, les Allemands ont donc rassemblé, à partir du 15 janvier 1917, des prisonniers français et les ont entassés dans le camp dit « des représailles », sur le front côté allemand, à 500 mètres du bois des Caures, battu par les obus français.
Léon Cuvelle, Lt. français, fut emprisonné dans ce camp.
Affecté à la défense de la Cote 304, près d’Esnes, il est fait prisonnier lors d'une attaque allemande. Il est transféré à la Ferme de la Madeleine (PC allemand), près de Cunel, pour un interrogatoire. Il y rencontre le "Kronprinz", le fils de l'empereur Guillaume II, basé à Stenay (surnommé, entre autres, "le boucher de Verdun"). Puis il est dirigé sur Brieulles, Dun-sur-Meuse, Cléry-le-Petit où il reste un mois dans un camp. De là, avec cinq camarades, officiers comme lui, il est dirigé sur Louppy. Puis sans explications, ils sont emmenés par trois cavaliers, à travers champs et fossés sous la menace de leurs révolvers : la neige tombait, que de chutes nous fîmes au cours de cette étape et quels efforts il fallut faire pour soutenir cette allure de record…On les enferme dans une sorte de cage, au milieu d’un champ de friches.
Des officiers allemands les informent qu’ils seront enfermés là jusqu’à ce que le Gouvernement Français ait accepté la nouvelle réglementation concernant le travail des prisonniers.
C’est un quadrilatère de fils de fer barbelé dont les côtés ont deux mètres
et une hauteur de trois mètres : « quelles journées affreuses avons-nous passées là. Assis sur notre casque qui s’enfonçait très fort dans la boue, le dos appuyé aux fils de fer barbelés qui accrochaient notre capote, nous dormions quand même. Le froid aussi ajoutait à l’horreur de ces journées interminables. La neige alternait avec la grêle, faisant de notre geôle un véritable cloaque… »
Si l’on en croit la suite du récit, cet « enclos » devait se trouver sur le territoire de Lissey, en tout cas à proximité.
« A la suite d’une visite qui nous parut officielle, effectuée par trois officiers d’état-major, on ouvrit la cage. La septième journée de notre existence de fauves emprisonnés allait commencer.
La mission s’était rendue compte « de visu » de notre situation lamentable et avait jugé nécessaire d’atténuer la rigueur de ces représailles. Elle avait donné des ordres pour abréger au plus vite notre séjour dans cette enceinte de fil de fer barbelé.
Sans être enviable notre nouvel asile allait être tout de même plus habitable. En attendant que nos chefs nous désignent une nouvelle affectation, c’est en cellule que nous allions attendre leur décision.
Toujours sous bonne escorte, comme si nous étions encore en état de nous regimber, on nous mène à quelques centaines de mètres de notre cage dans les ruines d’un petit village du nom de Lissey.
D’une vieille masure qui a défié les bombardements successifs, deux portes sont ouvertes qui semblent vouloir nous accueillir. Ce sont les entrées de deux cachots qui devaient abriter, je le suppose, des soldats récalcitrants, et qu’on a dû faire évacuer à notre intention. Dans une pièce voisine se trouve d’ailleurs le poste de police. Nous allons faire dans ces cellules, groupés par trois, un stage de quarante-huit heures.
Nous sommes à l’abri maintenant des intempéries et – suprême confort ! – un bas-flanc va nous permettre de reposer nos membres endoloris. Le froid toujours cinglant (l’hiver 1917 fut particulièrement rigoureux) ne nous empêchera pas d’apprécier cette modification heureuse de notre traitement.
La nourriture nous était toujours aussi parcimonieusement distribuée et la soupe octroyée à la même heure. Malheureusement, si dans notre cage de fil de fer barbelé nous avions à profusion le grand air et la lumière, nous étions ici plongés dans une obscurité complète durant les vingt-quatre heures de la journée….
….Ce fut un séjour délicieux… et malheureusement trop court que nous passâmes dans ces cellules ».
De là, ils furent emmenés, par petites étapes, étant donné leur état physique lamentable, à Flabas, en passant par Réville, Etraye, Crépion, Moirey.
Le camp
Très rudimentaire ; il avait été construit rapidement, par des prisonniers français (173e RI), avec des moyens de fortune. Une simple clôture de fil de fer barbelé ayant la forme d’un rectangle de 50 m de long sur 30 m de large. A l’intérieur une baraque de 2 m 50 de haut, pas de fenêtres. Comme toiture, des planches disjointes, même pas recouvertes de papier goudronné. Cinq cents poilus devaient s’y loger. Sa capacité suffisait à peine pour en abriter 200, 250 en se couchant les uns sur les autres. La moitié des prisonniers devait rester dehors, adossés aux parois extérieures, assis dans la boue profonde de ce ravin. Dans un coin, trois trous, les feuillées. Dans un autre coin, une minuscule cabane servant de cuisine et un peu plus loin une troisième cabane qui servait d’infirmerie et ….de salle mortuaire. C’est dans cet abri que le Lt Cuvelle et ses compagnons, en tant qu’officiers, furent affectés.
La terreur régnait dans ce lieu. Celui-ci était sous la surveillance d’un feldwebel (adjudant) et de deux caporaux auxquels obéissaient une quarantaine de sentinelles, la plupart du temps sous l’emprise du schnaps, copieusement servi.
La vie dans le camp
Il est impossible de raconter dans le détail tous les sévices et les brimades auxquels étaient soumis les prisonniers. Les coups de matraques, de crosses, de baïonnettes, les travaux forcés, la nourriture parcimonieusement servie, la maladie, transformèrent rapidement ces malheureux en véritables loques humaines. Sur les 500 prisonniers de ce camp, 200 y perdirent la vie, en trois mois de temps. Voici quelques extraits du récit de Léon Cuvelle:
« chaque matin, au petit jour, il y avait réveil. Une dizaine de soldats pénétraient en hurlant, et, brandissant un bâton, frappaient sur les corps inertes de nos compagnons qui ne pouvaient même pas parer les coups. Les pauvres se sauvaient, traqués, essayant d’y échapper quand même. Ce spectacle odieux mettait ces brutes au comble de la jubilation ! Le réveil terminé, nous sortions de notre poche, une gamelle, un récipient quelconque trouvé dans des immondices rencontrées sur notre route. Nous passions alors, les uns derrière les autres, devant la cuisine, pour recevoir une ration d’eau chaude et noire qui voulait être du café. Nous passions nos doigts sales sur notre visage, plus sale encore : c’était notre toilette. Mais déjà les quarante sentinelles nous attendaient dehors et nous faisaient aligner à coup de bâtons. Comme le sol, en cette mauvaise saison, était toujours glissant, nous tombions souvent sous les rires sarcastiques de nos geôliers. Puis après une longue attente, dans le froid, le feldwebel nous comptait, faisait sortir les malades qu’il envoyait à l’infirmerie qui servait bien souvent de morgue, car on ne les voyait pas reparaître…
…. notre compagnie était alors divisée en 2 groupes. Le plus important s’en allait vers Samogneux et était composé de 300 travailleurs. Pour ceux-là le travail consistait à réparer des routes conduisant aux lignes. Les autres prisonniers se rendaient dans ce qui restait du bois des Caures pour y entretenir également des chemins et plus pénible, pour transporter des munitions vers les lignes de combat. Aucun des prisonniers ne voulait aller de bonne volonté car le canon bombardait tantôt un secteur, tantôt l’autre….
….les chemins que nous suivions étaient dans un état lamentable. Les obus les labouraient chaque jour et dans les trous la boue croupissait. Ici la malignité de nos surveillants s’exerçait odieusement. Ces barbares exigeaient que nous marchions par quatre sans jamais perdre l’alignement, ils mettaient un acharnement féroce à nous le faire respecter, et cela malgré les difficultés insurmontables que nous éprouvions. Le plus répugnant spectacle qui se présentait souvent était celui-ci : un malheureux poilu, débile, harassé, voulant malgré tout arriver au terme de l’étape, faisait parfois un pas à gauche ou à droite pour éviter un trou d’obus. Les sentinelles, toujours à la recherche d’un plaisir sadique ne le manquaient pas. L’une d’elle s’avançait sur le poilu, l’empoignait et le faisait sortir du rang. Quand le groupe était passé, l’allemand ramena it le prisonnier devant le trou d’obus et le boche obligeait notre bonhomme, sous les coups, à y descendre et remonter plusieurs fois. Le malheureux souvent s’enlisait affreusement, il devait quand même en sortir rapidement ou les coups redoublaient. J’en ai vu mourir plusieurs ainsi. Un jour à la suite d’une navrante scène de cette sorte, je me trouvais au dernier rang du groupe. Une sentinelle s’était particulièrement acharnée sur un brave homme d’une quarantaine d’année. Malgré ses efforts, il ne pouvait se relever, ayant ce jour-là à lutter en plus contre le verglas. Son épuisement était complet. Après deux ou trois injonctions la sentinelle, froidement déposa son bâton, prit le fusil qu’elle avait en bandoulière, l’arma, visa et déchargea son arme sur le pauvre poilu. Le projectile lui traversa le cou…. Sur le chantier, sous prétexte qu’un homme se reposait un peu entre deux coups de pioche, ou qu’il tournait la tête, ces êtres ignobles ne le quittaient plus. Le malheureux devait alors travailler avec une contention soutenue et bien vite il tombait totalement épuisé. Alors nos gardiens manifestaient une sauvagerie plus grande encore dans le choix des supplices et cela souvent jusqu’à une mort complète du misérable…
….le soir, nous avions le seul repas de la journée. Une soupe faite d’un mélange d’orge et de substances inconnues avec deux fois par semaine un minuscule morceau de viande de cheval. Le pain ne contenait pas de la farine qui était remplacé par de la …sciure de bois. Celui-ci se désagrégeait dans nos poches. La distribution se faisait tous les quatre jours…
…à quelles scènes atroces n’ai-je pas assisté dans ce bagne. J’ai vu, ne pouvant plus résister à la faim qui les torturait, j’ai vu deux poilus, assis, le dos appuyé à la baraque, manger de concert leurs propres poux ! Ils les cherchaient, ô sans peine, sur eux, sur leur tête, partout, sans forfanterie, ni souci d’attirer l’attention, simplement. Oui, je le jure, à l’instar des singes, j’ai vu des hommes manger des poux…
…. une nuit, je me sentis violemment bousculé et obligé de me mettre sur pied, sur l’insistance rude de l’une de ces brutes. Au clair de lune, car il me fit sortir immédiatement de la baraque, je ne pus que trop facilement me rendre compte qu’il était ivre à point. Quelle ne fut pas ma stupéfaction et mon affliction de voir, ligoté au poteau qui servait à punir les coupables d’une faute, un pauvre soldat. Il faisait entendre les râlements de la mort. Ses mains et ses pieds étaient liés avec du fil de fer, les pieds ne touchaient même pas le sol. Me prenant à témoin, cet infâme ivrogne, dans un jargon incompréhensible, essayait de m’expliquer que cet homme était un mauvais soldat, et, ce disant il lui octroyait force coups de bâton, tout en proférant d’une voix rauque des menaces plus terrible encore…
….un jour, un petit gars énergique arrive à tromper la surveillance de ses gardiens et réussit à se tapir au cours d’une journée de travail. Dès la nuit, il prend la direction du front pour essayer de rejoindre les lignes françaises mais ses forces le trahissant, il ne pur réussir son projet. Il fut repris et ramené au camp. Pauvre petit ! Son nouveau séjour y fut de bien courte durée. Les sévices nombreux eurent bien vite raison de ses dernières forces et avec ce paroxysme de cruauté, il alla bientôt rejoindre le cimetière voisin qui prenait des dimensions inquiétantes…
….puis la dysenterie vint ajouter de nombreuses victimes et emporter beaucoup, elle aussi de notre troupeau. Rien d’étonnant à cela. Nous mangions chaque jour, toutes sortes d’herbes sordides que nous trouvions sous nos pieds. Un boche jetait-il un mégot ? Tous sans distinction de grade, comme de vrais sauvages, nous nous élancions pour le ramasser. Pour obtenir la priorité d’acquérir ces saletés morbifiques, nous luttions et le vainqueur s’empressait de se fourrer dans la bouche le fruit de sa victoire miasmatique. C’était pour tromper la faim et ces gestes étaient faits par nous avec un naturel déconcertant. Chaque fois, avec convoitise nous admirions l’heureux vainqueur….
….enfin, au retour d’une journée de travail, le feldwebel nous apprit que les représailles étaient sur le point de cesser. La France avait accepté les conditions exigées par l’Allemagne. Nous ne pouvions plus nous tenir de joie ! Comme une traînée de poudre les paroles du feldwebel passaient de bouche en bouche, et le spectacle était émouvant de voir ces loques humaines, retrouvant alors une énergie nouvelle, exulter et s’embrasser comme des enfants ».
Après être passés sous la douche puis désinfectés plusieurs fois, les prisonniers furent emmenés en train à Montmédy puis à Longuyon où ils restèrent en quarantaine pendant une quinzaine de jours. Ils subirent encore une nouvelle désinfection et envoyés en Allemagne en passant par le Luxembourg, Trèves, Mayence, Francfort pour échouer en gare de Giessen dans la Hesse supérieure.
Etant officier, Léon Cuvelle termina son séjour, en tant que prisonnier, à Karlsruhe, jusqu’à l’armistice.
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En 1934, Léon Cuvelle, qui était sculpteur, tailla un monument, en commémoration de tous les prisonniers internés dans ce camp. Celui-ci fut dynamité par les Allemands en 1940. Il fut reconstruit par l’auteur avec les débris de l’ancien.
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Ancien monument | Panneau installé par Mr Lenhard | Nouveau monument |
Afin de rehabiliter la mémoire des prisonniers passés dans ce camp, Pierre Lehnard, guide spécialiste de la guerre de 14-18, (ancien chef de gendarmerie de Damvillers) fit ériger le panneau ci-dessus.
Commentaires (1)
1. Jacquier Christian 19/09/2015
Je viens de découvrir ce soir, sur une carte de la Croix Rouge que mon grand père BERT Simon sergent au 22 régiment d'infanterie, 6ème compagnie de mitrailleurs, 1ere section fait prisonnier le 4 mars 1917 au bois des Caures était sans doute passé par le camp de Flabas.
Existe-t-il une liste des prisonniers passés par ce camp et pourriez vous me confirmer son passage par ce camp ?
Je vous en remercie d'avance.