Historique du 6e RIC

OPERATIONS DE VERDUN-NORD

Corps d'armée Claudel, Ière armée U.S (20 octobre au 11 novembre 1918)

            Retiré du secteur des Eparges, le régiment se rassemble dans la région de Génicourt, puis passant par Haudainville, bois Bourrus, Cumières, Forges, il entre en secteur le 20 octobre sur la rive droite de la Meuse, où il relève un régiment américain qui par ses dernières attaques, vient de porter le front entre Consenvoye et Sivry. Ce secteur tout nouvellement conquis n'est pas encore organisé : quelques éléments de tranchée, pas d'abris et quelques réseaux Brun en avant de nos premières lignes. Nos éléments avancés avaient leur gauche appuyée à la Meuse, puis la ligne remontait vers l'est et aboutissait sur un plateau un peu en avant d'un bois (bois Le Chaume) où nous avions établi nos observatoires. Nous dominons Sivry-sur-Meuse, village occupé par l’ennemi ; devant nos lignes, un ravin garni de petits boqueteaux, véritables nids de mitrailleuses, protégés par d'épais réseaux de fil de fer, nous séparait du bois Nachel, situé plus au nord et dans lequel les Allemands avaient installé de nombreuses mitrailleuses avec abris, baraquements, réseaux très denses de fil de fer.

            Les premiers jours sont passés à organiser le secteur. Plusieurs raids de l'ennemi sont repoussés avec pertes sans avoir obtenu de succès. Le 3 novembre, l'ordre arrive d'attaquer. Du 3 au 7, par des attaques incessantes, le 6e régiment d'infanterie coloniale harcèle l'ennemi, améliore ses positions et retient ainsi devant lui des forces importantes. Enfin le 7 novembre, les Allemands cèdent sous notre pression. Sivry-sur-Meuse et le bois Nachel sont conquis et dépassés ; la progression continue sans arrêt malgré le feu des mitrailleuses de la Krienhilde Stellung, ligne de tranchée fortement organisée sur les crêtes à l'est du village d'Haraumont. L'ouvrage de la ferme Solférino est enlevé de haute lutte après un dur combat. Au soir, le régiment avait réalisé une avance de 5 kilomètres environ dans les lignes allemandes. Le lendemain à l'aurore, le régiment changeant d'objectif, doit progresser vers l'est en direction d'Ecurey et Peuvillers, villages situés au bas des pentes, à l'est des bois d'Ecurey et de Bréhéville, dans lesquels l'ennemi a organisé la résistance. Les lisières ouest des bois sont défendues par des nids de mitrailleuses ; habilement et vigoureusement manœuvrés, ces ilots tombent successivement, l'ennemi est bousculé. Le 2e bataillon s'empare d'Ecurey et Peuvillers, les dépasser s'empare d'un train de munitions et des convoyeurs ; plus au nord, le 3e bataillon s'empare de Lissey. Cette avance rapide de 10 kilomètres n'a pu être suivie par les régiments voisins, et le 6e colonial se trouve en flèche de plus de 3 kilomètres. Le 9 novembre, changeant encore d'objectif, le régiment appuie vers le sud, attaque et s'empare de Damvillers malgré un violent feu d'artillerie. Le 10, le régiment borde la rivière la Theinte qui passe immédiatement à l'est de Damvillers. Le lendemain 11 novembre, tout était prêt pour le passage de cette rivière et l'attaque de la côte d'Horgne, lorsqu'à 11 heures du matin l'armistice vint mettre un terme aux opérations.

            Pendant ces journées de combats opiniâtres, l'ennemi a laissé entre les mains du 6e régiment d'infanterie coloniale 70 prisonniers, de nombreuses mitrailleuses lourdes ou légères, un parc du génie abondamment pourvu, un train de munitions et un matériel considérable qui n'a pu être dénombré ; de plus, cinq villages avaient été délivrés Sivry, Lissey, Ecurey, Peuvillers, Damvillers.

            Pour ces derniers combats, le régiment obtient la quatrième citation à l'ordre de la IIe armée (général de Mondésir) avec le motif suivant :

            Magnifique régiment qui vient à nouveau d’affirmer brillamment ses belles qualités d’allant, d’endurance et d’habileté manœuvrière. Pendant les opérations du 4 au 11 novembre 1918, dans le secteur de Verdun-Nord, sous le commandement de son chef, le colonel Chevalier, s’est porté à l’attaque des positions allemandes avec une ténacité et un courage admirables. Sous un bombardement intense et de violents tirs de mitrailleuses, a refoulé l’ennemi sans répit pendant sept jours, le chassant de positions d’une extrême importance et lui capturant des prisonniers et un matériel considérable dot un parc du génie et un train de munition.

            Se sont signalés par leur belle conduite :

            Le sergent Dayde ( Léon ), cite à l’ordre de la IIe armée pour le motif suivant :  « Sous-officier modèle de courage et d’entrain. Pendant les combats du 3 au 6 novembre 1918, commandant une patrouille offensive se trouvant en butte à une mitrailleuse qui venait de se dévoiler, a résolument attaqué ce nid de résistance qu’il a chassé de sa position. Ayant eu, au cours du combat, son fusil brisé entre les mains, a ramassé un fusil ennemi et a continué à combattre avec la même ardeur. A ensuite maintenu ses hommes sur le terrain conquis à un feu d’artillerie très violent, leur donnant constamment un bel exemple de bravoure et de sang-froid ».

            Le soldat Delporte ( Georges ), de la Ire compagnie, cité à l’ordre de la IIe armée pour le motif suivant : «  Soldat d’élite et patrouilleur hors ligne. S’est particulièrement fait remarquer à l’attaque du 9 novembre 1918, en se glissant dans les premières maisons d’un village tenu par l’ennemi, pour s’emparer d’une mitrailleuse gênant notre progression. A capturé la pièce et fait prisonnier un servant ».

            Pendant cette dernière série de durs combats, la 15e division coloniale a encore fait un butin considérable. Elle a capturé au total, depuis le début de l’offensive d’été, environ 2.000 prisonniers, une cinquantaine de canons, des centaines de mitrailleuses et de minen et un énorme matériel.

            Au cours des opérations combinées avec les Américains, grâce au tact et à l’initiative intelligente de chacun, la liaison a toujours été parfaite et la meilleure entente n’a cessé de régner. Le commandement américain en a témoigné en toute circonstance sa satisfaction et sa gratitude.

           

Ajouter un commentaire