Je suis née le 20 mai 1921 en Bretagne. J'ai vécu dans un village nommé Carbet auprès de ma tante et de mon oncle. Vers mes six ans, l'heure etait venue d'entrer à l'école à Ploeuc situé à 4 kilomètres de la maison de Caribet. Aussi tous les matins, je mettais mes sabots pour aller à l'école des filles de Ploeuc dont je vous montre la photo: elle est à côté de celle des garçons.
Le midi, je déjeunai avec un morceau de pain et de pâté dans une partie du préau que la maîtresse nous laissait pour manger. Après la classe, il fallait rentrer et refaire 4 kilomètres pour rentrer à la maison, en faisant bien attention de ne pas abimer les sabots ni les habits.
Plus tard, quand j'ai eu 21 ans, je suis allée avec des amis, en voiture, jusqu'à Saint-Malo, pour embarquer sur un navire à destination de Jersey, une ile anglaise à l'ouest de la France.
Nous allions là-bas pour fairela campagne de ramassage des pommes de terre qui durait deux à trois mois.
J'ai fait ce voyage durant 7 ans; après les pommes de terre nous cueillions les tometes. C'est à Jersey que j'ai rencontré mon mari qui était de Pontivy dans le département du Morbihan. Là-bas, on dit que les vrais bretons sont soit du Morbihan soit du Finistère
Nous étions bien sur l'ile de Jersey; certains sont d'ailleurs restés pour y vivre définitivement.
Avec mon mari, en 1950, nous avons pris la décision d'aller en Lorraine pour suivre un exploitant forestier qui nous promettait du travail pour longtemps.
Et c'est ainsi, qu'en mai 1950 nous arrivions de la Bretagne et nous descendions du train à la gare de Consenvoye.
Mon mari a travaillé comme bûcheron durant plusieurs mois, mais le patron a eu des problèmes à cause d'accidents du travail et nous nous sommes retrouvés sans emploi. Un homme qui habitait Lissey nous a dit qu'il connaissait une maison à louer et que mon mari pourrait trouver aussi un travail comme bucheron.
Nous sommes donc partis vivre à Lissey et pendant un moment nous avons habité "Rue de la Fontaine". Le travail dans la forêt existait un peu, mais un voisin nous a dit que mon mari pourrait tenter sa chance à l'usine qui embauchait. Le lendemain, mon mari a pris le bus pour l'usine et il était embauché le jour même à l'usine de la Chiers à côté de Longwy.
Cette usine faisait la coulée d'acier et elle avait besoin d'ouvriers. Le bus ramassait tous les jours les ouvriers qui habitaient à Lissey et dans les villages aux alentours.
Ma fille est née dans les mois qui suivaient et nous avons loué une maison "Rue de la Terre Jacques" . Le travail à l'usine était bien payé. Nous étions contents de cette nouvelle vie et au fil des ans mes derniers garçons sont nés à Lissey.
Christian Desroque