Derrière le chariot, la mairie-lavoir, avant la guerre de 14/18 |
Un peu d'histoire...
De l'époque gallo-romaine, il ne reste que le Châtelet - vaste camp romain qui livre quelques vestiges en 1936; l'implantation du village au pied des coteaux boisés et la richesse du sol ont favorisés la culture et particulièrement celle de la vigne qui représentait 85 ha au milieu du 19ème siècle.
En 1851, la commune compte 471 habitants, niveau de population jamais dépassé. Les infrastructures existantes étant vétustes et inadaptées ( la "fontaine" n'est autre qu'un petit bassin à ciel ouvert sans confort et la salle du conseil est une dépendance du logement de l'instituteur! ), le contexte économique favorable, la municipalité va se lancer dans un ambitieux projet de construction en acquérant dans un premier temps une maison pour l'établissement d'un lavoir-mairie avec la salle des archives au grenier.
Mairie - Lavoir (1855)
En associant la construction d'un lavoir, flanqué d'un abreuvoir (côté rue, aujourd'hui disparu) et d'une "maison commune républicaine", cet ensemble était le centre de vie politique et sociale du village. La répartition sexuée des rôles était bien établie : à l'étage les hommes débattaient à propos des affaires collectives, du devenir de la communauté villageoise en général, alors qu'en dessous, les femmes s'occupaient d'affaires beaucoup plus intimes, de l'hygiène et de la propreté de la maisonnée.
De par sa situation et son importance dans cette petite communauté, son aspect a été plus particulièrement soigné tant d'un point de vue architecturale que du choix des matériaux, habituellement réservés aux édifices nobles : pierre de taille issue des carrières d'Euville (Meuse) et du pays, couverture en ardoises reposant sur une charpente en chêne, ... Le lavoir est alimenté par le trop plein du réservoir situé au centre du village dans lequel s'écoulent les eaux de la source du Harbon - sujet de discorde avec la commune d'Ecurey-en-Verdunois!
Prévu initialement pour 24 lavandières seules une dizaine pouvaient se retrouver autour du bassin surélevé apportant ainsi plus de confort. Des barres d'égouttage sont également disposées de part et d'autre du bassin sur lesquelles le linge était posé après avoir été rincé et savamment plié, cela dans le but de faciliter le repassage.
L'accès à la mairie se faisait par un escalier extérieur. En 1892, quelques modifications furent apportées donnant au bâtiment son aspect actuel : l'escalier fut démoli, l'entrée placée côté rue. Un canal sera creusé pour l'évacuation du bassin et une vanne installée à l'orifice de vidange.
Si le café était la tribune publique pour la gent masculine, le lavoir était celle des femmes. L'ambiance y était plutôt agréable; la proximité des lavandières autour du bassin ne permettait pas les commérages! On se contentait de relater les événements heureux ou non, d'évoquer le temps et les récoltes, d'échanger les recettes de cuisine, ... Lavandières et laveuses se rendaient au lavoir tous les jours et le nombre de brouettes, laissées à l'entrée, témoignaient de l'activité des lieux. Lors des réunions du conseil municipal qui se déroulaient bien souvent en journée, l'acoustique des lieux faisait que chacun entendait les conversations de l'autre!
Longtemps encore après l'adduction d'eau et l'arrivée de la machine à laver ce "temple" de la propreté fut utilisé par les ménagères. D'ailleurs, lors des travaux, la menace de fermeture du lavoir ou de le rendre inutilisable plana pendant un certain temps. La raison principale était la crainte que certains habitants viennent s'y approvisionner car payer l'eau leur était intolérable. Mais bien vite tout le monde se rendit compte des nombreux avantages de disposer de l'eau au robinet et tout rentra dans l'ordre. Bien sûr, le temps donna quelques rides à ce bel édifice que la main de l'homme effaça à l'aube de ce troisième millénaire lui rendant ainsi son cachet d'autre fois.